"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 3 septembre 2017

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX

21 août / 3 septembre
13ème dimanche après la Pentecôte

Après-fête de la Dormition de la Très sainte Mère de Dieu ; saint Thaddée, apôtre des soixante-dix (vers 44) ; sainte martyre Bassa et ses trois fils martyrs dans l’Hellespont (IIIème s.) ; saint Abraham le laborieux, de la Laure des Grottes de Kiev (XII-XIIIème s.) ; saint Abraham de Smolensk (XIIIème s.) ; sainte Marthe de Diveevo (1829)  ; transfert des reliques de saint Nectaire d’Égine (1953) ; saint hiéromartyr Raphaël de Šišatovac (Serbie 1941) ; saints nouveaux martyrs de Russie : Alexandre (Elokhovksy), prêtre (1918), Paul (Iagodinsky), prêtre  (1937), Ignace (Dalanov) (1942).
Lectures : 1 Cor. XVI, 13–24. Мatth. XXI, 33–42



VIE DU SAINT APÔTRE THADDÉE[1]
L
e saint Apôtre Thaddée, parfois aussi appelé Lebbée, était originaire de la ville d’Édesse en Osroène, d’une famille juive dont il avait reçu une connaissance accomplie de la sainte Écriture. Il se rendit en pèlerinage à Jérusalem et, ayant entendu saint Jean-Baptiste prêcher le repentir, plein d’enthousiasme pour son mode de vie angélique, il se fit baptiser par lui. Quelque temps après il rencontra le Seigneur Jésus-Christ. Les miracles étonnants qu’Il accomplissait et son sublime enseignement lui donnèrent la conviction qu’Il était le Sauveur annoncé par Jean et par les prophètes, aussi se joignit-il à ses disciples et suivit-il Jésus jusqu’à sa Passion vivifiante. Conformément à la promesse que le Seigneur avait faite au roi Abgar, qui l’avait invité à venir le guérir, après l’Ascension, Il envoya Thaddée à Édesse, pour baptiser le roi et le guérir complètement de sa lèpre. L’ardent apôtre catéchisa et baptisa beaucoup d’autres habitants de ce royaume, qui fut le premier État à se déclarer chrétien. Il y fit édifier de nombreuses églises, puis continua sa mission et annonça la Bonne Nouvelle dans d’autres villes de Syrie et, selon certains, de Mésopotamie. Parvenu à Béryte, en Phénicie, il y baptisa un grand nombre de païens, avant de remettre en paix son âme à Dieu, recevant le salaire de l’intendant fidèle de sa grâce. Les reliques de saint Thaddée furent transférées à Constantinople, avec celles de l’Apôtre André, par saint Artémios, en 337.

Tropaire du dimanche, ton 4
Свѣ́тлую воскресéнiя про́повѣдь отъ Áнгела yвѣ́дѣвша Гoспо́дни yчени́цы и пра́дѣднee осужде́нie отве́ргша, Aпо́столомъ xва́лящася глаго́лаху : испрове́́pжеся cме́рть, воскре́сe Xpистócъ Бо́гъ, да́руяй мípoви ве́лiю ми́лость.
Les saintes femmes, disciples du Seigneur, ayant appris de l’Ange la radieuse nouvelle de la Résurrection, rejetèrent la condamnation des premiers parents, et, pleines de fierté, dirent aux Apôtres : « La mort a été dépouillée, le Christ est ressuscité, donnant au monde la grande miséricorde ! »
Tropaire de la Dormition, ton 1
Въ poждествѣ́ дѣ́вство сохрани́ла ecи́, во ycпе́нiи мípa не ocта́вила ecи́ Богоро́дице, преста́вилася  ecи́ къ животу́, Máти cýщи животá, и моли́твами Tвои́ми избавля́еши отъ сме́рти дши на́ша.
Dans l’enfantement, Tu as gardé la virginité; dans Ta dormition, Tu n’as pas abandonné le monde, ô Mère de Dieu. Tu as été transférée à la Vie, étant Mère de la Vie, et par Tes prières, Tu délivres nos âmes de la mort.

Tropaire du saint apôtre Thaddée, ton 3
Апо́столе святы́й Ѳадде́е, моли́ ми́лостиваго Бо́га, да прегрѣше́ній оставле́ніе пода́стъ душа́мъ на́шимъ.
Saint apôtre Thaddée, intercède auprès du Dieu de miséricorde, pour qu'à nos âmes il accorde le pardon de nos péchés.

Kondakion du dimanche, 4ème ton
Спа́съ и изба́витель мо́й изъ гро́ба я́ко Бо́гъ воскреси́ отъ у́зъ земноро́дныя, и врата́ а́дова сокруши́, и я́ко Влады́ка воскре́ce тридне́венъ.
Mon Sauveur et mon Rédempteur, au sortir du Tombeau, a libéré les humains de leurs chaînes et a fracassé les portes de l’enfer ; en Maître, Il est ressuscité le troisième jour.
Kondakion du saint apôtre Thaddée, ton 4
Яко звѣзду́ пресвѣ́тлую Це́рковь тя́ стяжа́, апо́столе Ѳадде́е, чудесы́ твои́ми всегда́ просвѣща́ема, спаси́ вѣ́рою чту́щія па́мять твою́.
Telle une étoile très lumineuse, l’Église t’a acquis, ô apôtre Thadée, étant toujours illuminée de tes miracles ; sauve ceux qui vénèrent ta mémoire avec foi !
Kondakion de la Dormition, ton 2
Bъ моли́тваxъ неусыпа́ющую Бого-ро́дицy, и въ предста́тeльствахъ непрело́жное упова́нie, гро́бъ и умерщвлéнie не удержа́ста ; я́коже бо живота́ Mа́тepь, къ животу́ преста́ви, во yтро́бу всели́выйся присно-дѣ́вственную.
Tombeau et mort n’ont pu retenir la Mère de Dieu, toujours vigilante dans ses intercessions, espérance inébranlable dans sa protection, car étant la Mère de la Vie, Il l’a transférée à la Vie, Celui qui demeura dans Son sein toujours virginal.
Au lieu de « il est digne en vérité », ton 1
нгели успéнie Пречи́стыя ви́дѣвшe удиви́шася, ка́кo Дѣ́ва восxо́дитъ отъ земли́ на нéбо. Побѣжда́ются ecтества́ yста́вы въ Teбѣ́ Дѣ́вo чи́стая; дѣ́вствуетъ бо poждество́, и живо́тъ предобpyча́етъ смépть, по poждествѣ́ дѣ́ва, и по смépти жива́, cпаса́eши при́сно Богоро́дицe наслѣ́діе Твоé.

Les anges étaient frappés de stupeur à la vue de la Dormition de la Très-Pure. Comment la Vierge s’élève-t-elle de la terre aux cieux ? Les lois de la nature ont été vaincues en Toi, Vierge pure : Ton enfantement est virginal et Ta mort fait pressentir la Vie. Ô Toi qui, après Ton enfantement, es demeurée vierge, et vivante après Ta mort, Mère de Dieu, sauve toujours Ton héritage.

COMMENTAIRE DE L’ÉVANGILE DE CE JOUR PAR ST NICOLAS VÉLIMIROVITCH[2]
Un homme était propriétaire, et il planta une vigne ; il l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et y bâtit une tour ; puis il la loua à des vignerons et partit en voyage (Mt 21, 33). De même qu’en une autre circonstance, le Seigneur évoque un homme qui était roi, Il parle ici d’un homme qui était propriétaire, mentionnant ainsi un bon propriétaire, c’est-à-dire Dieu. Car aussi impuissant et humilié que l’homme puisse être dans ce monde, Dieu n’a nulle honte à porter le nom d’homme. Dans le monde entier, c’est l’homme qui est la principale et la plus précieuse créature de Dieu et c’est pourquoi Dieu porte le nom d’homme, afin de montrer ainsi l’excellence de l’homme par rapport à toutes les autres créatures et Son amour infini envers l’homme. L’esprit enténébré des païens et des parias de Dieu a pu donner le nom de Dieu à des manifestations et des phénomènes naturels comme le feu, le soleil, le vent, l’eau, les pierres, les arbres, les animaux, mais non le nom d’homme. La foi chrétienne a été la seule à élever l’homme bien au-dessus de toute la nature créée, l’homme étant le seul à avoir été jugé digne que le Créateur suprême porte son nom. La vigne désigne le peuple juif que Dieu a choisi pour faire passer à travers lui le salut de tout le genre humain. Dieu Lui-même appelle le peuple juif Sa vigne (Is 5, 1). La clôture autour de la vigne correspond aux lois que Dieu a données au peuple élu et qu’Il a érigées comme un mur pour le protéger des autres peuples. Il a établi une loi en Israël ; elle ordonnait à nos pères d’enseigner ces choses à leurs fils (Ps 77, 5). Le pressoir désigne la promesse du Messie, véritable Sauveur du genre humain, qui a nourri le peuple élu à travers les siècles comme une boisson vivifiante. Le Seigneur Jésus s’est ainsi désigné, en disant : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi (Jn 7, 37 : 4, 14) et Qui croit en moi n’aura jamais soif (Jn 6, 35). La tour désigne l’ancien temple sacrificiel, anticipation de la sainte Église de Dieu après l’arrivée du Christ. Le Seigneur Lui-même (Mt 16, 18 ; 21, 42) et les Apôtres (Ep 2, 20) comparent l’Église à une construction. Le terme de vignerons se réfère aux dirigeants populaires, aux prêtres et aux enseignants. Que signifie l’expression : partit en voyage ? Dieu peut-Il partir et s’éloigner des hommes ? Cette expression signifie d’une part que Dieu, après avoir déterminé et accompli tout ce qu’il fallait pour le salut des hommes, leur a laissé la liberté d’utiliser tous Ses dons pour assurer leur salut ; d’autre part, elle traduit la patience de Dieu envers les péchés des hommes et leurs actions insensées contre leur propre salut – la patience et la longue tolérance de Dieu, qui dépassent tout entendement humain. Quand s’approcha le moment des fruits, il envoya ses serviteurs aux vignerons pour en recevoir les fruits (Mt 21, 34). De même qu’un homme ordinaire envoie ses serviteurs au moment déterminé pour recevoir les fruits de la part des vignerons, de même Dieu envoie Ses serviteurs auprès du peuple d’Israël afin de recueillir le fruit spirituel de tout ce que Dieu a donné à ce peuple afin qu’il en prenne soin. Les prophètes sont des serviteurs de Dieu, tandis que les fruits des vignobles correspondent à tous les bienfaits découlant du respect de la loi de Dieu. Le terme de vignerons se rapporte d’abord aux dirigeants populaires, aux prêtres, scribes et enseignants, qui sont les premiers appelés à apprendre la loi de Dieu au peuple en paroles et en actes et qui sont responsables devant Dieu tant pour eux-mêmes que pour le peuple. Car on leur a donné plus de pouvoir et plus de sagesse, et celui qui a reçu plus, est aussi celui à qui on demande plus. Ces dirigeants et responsables populaires auraient dû, au moins par reconnaissance envers Dieu, accueillir les émissaires de Dieu avec le respect et l’amour qu’ils avaient reçus de Dieu. Or, que firent-ils ? Les vignerons se saisirent de ses serviteurs, battirent l’un, tuèrent l’autre, en lapidèrent un troisième (Mt 21, 35). Voilà comment les hommes rendent en mal ce qu’ils ont reçu en bien ! Voilà l’ingratitude sombre des hommes ! Les prophètes avaient mentionné aux dirigeants du peuple la loi de Dieu, la volonté divine, Ses bienfaits. Les prophètes avaient souligné le caractère salvateur, la beauté et l’agrément de la loi divine, demandant sa mise en application dans la vie individuelle comme dans la vie sociale. Au nom de Dieu, ils réclamaient de bonnes œuvres comme fruits de la loi divine. Mais ils ne trouvèrent pas de telles bonnes œuvres ; venus dans le vignoble afin d’y cueillir du raisin, ils ne trouvèrent pas de raisin. Non seulement les chefs du peuple les accueillirent les mains vides, mais ils se saisirent d’eux, les dénigrèrent, les insultèrent, frappant les uns, tuant d’autres et lapidant encore d’autres. Ainsi, le prophète Michée fut frappé, Zacharie fut tué devant l’autel, Jérémie fut lapidé, Isaïe fut scié avec une planche en bois et Jean le Précurseur fut décapité. De nouveau il envoya d’autres serviteurs, plus nombreux que les premiers, et ils les traitèrent de même (Mt 21, 36). Ses autres serviteurs, ce sont de nouveau des prophètes. Plus le peuple élu dégénérait et s’éloignait de Dieu, plus nombreux étaient les serviteurs que le Dieu miséricordieux envoyait pour mettre le peuple en garde, afin que les chefs populaires soient dénoncés et que tous ne périssent pas comme des vignes stériles, qu’on coupe pour les jeter dans le feu. Mais ces autres serviteurs de Dieu n’eurent pas un sort meilleur que les premiers. Eux aussi furent frappés, tués ou lapidés par les chefs du peuple, les prêtres, les scribes et les docteurs. Plus la patience de Dieu se prolongeait, plus l’ingratitude des hommes envers Dieu était grande et odieuse. Finalement il leur envoya son fils, en se disant : ils respecteront mon fils (Mt 21, 37). Tous les serviteurs de Dieu furent humiliés, toutes les mises en garde de Dieu rejetées, toutes les bonnes œuvres de Dieu méprisées. La patience des hommes, dans une telle situation, aurait été épuisée. Mais la patience de Dieu est plus grande que celle du médecin le plus patient en train de soigner un homme pris de démence… Mais voyez ce que Dieu plein de douceur fait… Il envoie Son Fils unique ! Ah, que la bonté de Dieu est inépuisable ! La mère la plus dévouée n’aurait pas manifesté autant de miséricorde ni de patience envers son propre enfant que le Dieu vivant l’a fait envers les hommes créés par Lui !



[1] Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras
[2] Homélies sur les Évangiles des dimanches et jours de fête, Collection Grands Spirituels orthodoxes du XXème s. Éditions de l’Âge d’Homme.

Aucun commentaire: