"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 13 mai 2018

Père Barnabas Powell: Jésus nous enseigne à aimer toutes les races


Pour les chrétiens orthodoxes, l'Évangile de [...] dimanche [dernier] parle d'une Samaritaine qui va chercher de l'eau dans un puits. Là, elle rencontre le Christ, Qui lui offre l'Eau Vivante de l'Esprit.

Ce passage est lu pendant la saison pascale -- les 40 jours de Pâques à l'Ascension -- parce que Pâques était historiquement l'époque où les baptêmes étaient faits, de sorte que les nouveaux convertis venaient d'avoir leur propre rencontre personnelle avec le Christ dans les eaux curatives de ce mystère.

En plus de ce thème, je penserai à un autre quand il s'agit du dimanche de la Samaritaine : celui de l'animosité raciale et de la réconciliation.

Pour les Juifs tels que le Christ, les Samaritains étaient à bien des égards pires que les païens (le sentiment était certainement réciproque). Les autres peuples environnants étaient suffisamment différents pour être considérés comme incapables de mieux connaître la Loi, mais les Samaritains et leurs prétentions d'être les seuls et authentiques gardiens de la loi touchaient de très près les Juifs.

Rien ne nous ennuie et nous dérange autant que ceux qui sont si semblables à nous que leurs différences reflètent notre propre identité. Quand on est séparés, ce que vous faites vous concerne. Mais remplacez la séparation par l'intégration, et soudain je me vois reflété en vous, ce qui peut être inconfortable.

La conversion de la Samaritaine, et celle de son village, est donc plus que la conversion de quelques "étrangers" aléatoires. Elle offre un aperçu de la réconciliation - un processus où les différences ne sont pas abolies, mais où les divisions qui peuvent en résulter sont surmontées.

Révérend Moses Berry, 
Photo : monomakhos.com

C'est un message puissant et parfois perdu de l'Evangile. J'ai été récemment renouvelé en l'appréciant par une retraite à laquelle j'ai assisté présidée par le Révérend Moses Berry, un prêtre afro-américain de l'Église orthodoxe en Amérique.

Conférencier dynamique avec une incroyable histoire de conversion, Père Moses sert une paroisse qu'il a fondée sur les terres agricoles du Missouri que sa famille possède depuis 1871, peu de temps après avoir été libéré de l'esclavage. C'est là qu'il a également créé le Musée d'histoire afro-américaine d'Ozarks, composé en grande partie d'objets de famille, dont beaucoup lui appartiennent.

Le plus étonnant pour moi était la manille en fer, avec des boules et des chaînes, que son arrière-grand-père a été forcé de porter en tant qu'esclave en transit. À mon grand étonnement, en parlant de cet artefact, Père Moses l'a mis pour montrer comment il était porté.

Jamais dans ma vie l'impact du passé d'esclavagiste de l'Amérique n'est devenu aussi réel pour moi que lorsque j'ai vu un prêtre afro-américain orthodoxe, vêtu d'une tenue cléricale, enfiler les fers d'esclave de son ancêtre. Et jamais ma soif de réconciliation en Christ n'a été aussi forte.

Ce qui a aussi rendu la présentation de Père Moses percutante, c'est l'absence de condamnation ou de culpabilisation des gens de ma "couleur". C'était un frère qui parlait à ses autres frères en Christ.

Je prie pour Père Moses et son ministère, pour que Dieu élève les autres de sa communauté pour qu'ils deviennent membres du clergé dans son église. Et je prie qu'en Christ, nous ne fassions qu'un.


Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après 

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